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Paris, Immeuble d’Adolphe Thiers en partie détruit en mai 1871

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Légende sur document :

Ruines de Paris & environs

Mention imprimée sur le cadre à gauche


Mots Clés

Paris 09 Opéra Immeuble Maison Capitale Cheval Homme Thiers Adolphe Lampadaire

Collection

MAGENDIE
verso

Datation : 12 mai 1871 à 1873

Commentaire datation : Vue postérieure au début de la démolition (12 mai 1871) et antérieure à sa reconstruction (courant 1873) ( datation min. : 1871, datation max. : 1873 )

Auteur du cliché : Inconnu

Série : Ruines de Paris et environs

Editeur : Block Adolphe , mention d'édition : A. Block Editeur, Paris

Lieu de la prise de vue : Paris , Ile-de-France , France /Europe/France/Île-de-France/Paris/Paris/Paris 09 Opéra

Texte au recto : A gauche : Ruines de Paris & environs A droite : A. Block Editeur, Paris

Texte au verso : Maison de M Thiers

Analyse :

Le 18 mars 1871, les Parisiens des quartiers populaires, ouvriers, artisans et petites professions libérales, se soulèvent contre le gouvernement d’Adolphe Thiers, à peine installé depuis le 17 février, à la suite de l’élection d’une Assemblée nationale le 8 février précédent. Ces évènements faisaient suite à la capitulation de Napoléon III le 4 septembre 1870 devant l’armée prussienne et à l’armistice signé consécutivement par le Gouvernement de Défense nationale le 28 janvier 1871.
Les Parisiens avaient manifesté avec fougue leur volonté de déclarer la guerre à la Prusse en juillet 1870. Aussi se sentent-ils profondément humiliés par la capitulation et la signature de l’armistice et en tiennent rigueur au nouveau gouvernement. La population de Paris souffrait d’une grande pauvreté malgré les réussites économiques du Second Empire dont elle n’avait pas profité. Durant l’hiver qui venait de s’écouler, elle fut fortement éprouvée par le siège de Paris imposé par les Prussiens, alors qu’elle avait été marginalisée par les grands travaux d’urbanisme menés par le baron Haussmann. Dans ces conditions, elle ne se reconnait pas dans la nouvelle Assemblée issue des urnes, qui, reflète tout le pays, majoritairement rural, bourgeois et religieux, et qu’elle soupçonne de vouloir rétablir la Monarchie.
Au mois de mars, le nouveau gouvernement de Thiers prend plusieurs décisions maladroites qui embrasent aussitôt les esprits des Parisiens : suppression du moratoire jusque-là en vigueur sur les loyers (risquant de mettre à la rue de nombreux parisiens incapables de payer leurs loyers) et sur les effets de commerce (acculant de nombreux petits artisans et commerçants à la faillite), et suppression de la solde quotidienne qui était versée aux gardes « nationaux » (en fait composés de parisiens modestes). Le 18 mars 1871, ils apprennent que le gouvernement a envoyé la troupe dans la nuit pour reprendre les canons de la garde nationale, que les parisiens eux-mêmes ont contribué à financer par souscription.
S’en était trop ; dans les heures qui suivirent, les faubourgs s’embrasent, les gardes nationaux s’opposent à la reprise des canons. D’ailleurs, la troupe régulière fraternise avec la foule qui s’est mobilisée spontanément ; mais, cette dernière fait prisonnier les généraux qui commandent l’armée de la République et les exécute sommairement. Ainsi, l’armée officielle est en échec, et le gouvernement doit se réfugier à Versailles, d’où le nom de « Versaillais » qui sera désormais donné aux troupes républicaines sous la présidence de Thiers.
Ce 18 mars, l’insurrection s’étend rapidement à l’ensemble de la capitale ; le Luxembourg et l’Hôtel de ville sont aussitôt occupés et quelques barricades commencent à être érigées. Outre les 227 canons de la garde nationale, les parisiens disposent de 500 000 fusils. La dimension de revanche contre les transformations du baron Haussmann, qui ont fortement marginalisé les petites gens et contraint beaucoup d’entre eux à aller chercher un logement dans l’est de la ville, pèse aussi lourd dans l’embrasement du Paris populaire.
Du 26 au 28 mars, les Parisiens des quartiers populaires élisent et proclament un Conseil de la Commune. Le 1er mai, la commission exécutive du Comité s’érige en Comité de Salut public qui dirige l’ensemble du mouvement.
Le 10 mai, le Comité de Salut public décide la démolition de la maison d’Adolphe Thiers, place Saint-Georges, dans le 9ème arrondissement, en tant qu’« acte de justice » à l’égard de celui qu’ils nomment le « Foutriquet » et qu’ils voient comme le représentant des « capitulards et des bourgeois », désormais ennemi absolu de leur cause. On lui reproche aussi une affiche que Thiers était parvenu à faire afficher dans toute la ville, pourtant occupée par les insurgés, qui prétendait qu’il ne faisait pas bombarder la ville, alors que la population eut à déplorer de nombreuses victimes suite à ces bombardements.
La destruction est entreprise deux jours plus tard. En une seule journée, l’ensemble du mobilier de la maison est déménagé. Puis la démolition est entreprise. Mais, comme les troupes versaillaises reprennent le quartier le 24 mai, il est vraisemblable que l’immeuble ne fut pas entièrement détruit. Ainsi, cette vue a pu être prise plusieurs semaines après les événements, avant sa reconstruction qui s’acheva au cours de l’année 1873 : on sait en effet que Thiers chargea l’architecte Aldrophe de superviser la pose de la toiture deux ans après la destruction.
Pourquoi tant de haine à l’égard de ce personnage ? Devenu à Paris journaliste libéral et historien de la Révolution, Adolphe Thiers a contribué aux Trois Glorieuses et à la mise en place de la monarchie de Juillet dont il est deux fois président du Conseil. Orléaniste, partisan libéral d'une monarchie constitutionnelle dans laquelle « le roi règne, mais ne gouverne pas », il s'éloigne du roi sur la politique étrangère (crise de 1840) et critique l'intransigeance de Guizot qui provoque la révolution de 1848. Il se rallie à la République pour l'orienter vers une politique d'ordre préparant un retour à la monarchie constitutionnelle. Opposé au coup d’État du 2 décembre 1851, il ne se rallie jamais à Napoléon III, auquel il demande en 1864 les « libertés nécessaires ».
A ce titre, il était légitime pour devenir le chef du pouvoir exécutif en février 1871, après la chute du Second Empire, d’autant qu’il fut à l’origine de la loi finançant la construction de l’enceinte de Paris de 1840 (souvent dénommée « Enceinte Thiers »), qui empêcha l’envahissement de Paris par les Prussiens. Mais, compte tenu de son parcours politique passé et de l’appui majoritaire dont il disposait à la chambre nouvellement élue, les Parisiens le suspectaient de vouloir rétablir la Monarchie. A son propos, Victor Hugo écrit dans son journal : « Thiers, en voulant reprendre les canons de Belleville, a été fin là où il fallait être profond. Il a jeté l’étincelle sur la poudrière. Thiers, c’est l’étourderie préméditée ».
Dans les mois qui suivirent la commune, l’Assemblée nationale vota une indemnisation de 1 053 000 F, au titre des dommages subis par Thiers sur son immeuble. Mais cette somme était bien insuffisante pour couvrir le coût de la reconstruction. L’homme politique a donc dû financer une partie de la reconstruction de l’hôtel de la place Saint-Georges sur ses deniers propres (homme d’affaire avisé, il possédait une grande fortune), ainsi que la reconstitution de ses collections d’œuvres d’art, qui avaient été détruites par l’incendie du palais des Tuileries où elles avaient été entreposées.

Bibliographie :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Commune_de_Paris_ (1871)
Dictionnaire d’Histoire de France, sous la direction d’Alain Decaux et d’André Castelot, Librairie Perrin, 1986, Articles Commune de Paris, Défense nationale (gouvernement), Guerre de 1870, Thiers (Adolphe).
Atlas de l’histoire de France, Librairie Académique Perrin, 1996
Nouvelle Histoire de France de Jacques Marseille, Tome 15, Ed. Le Robert, 1998
https://fr.wikipedia.org/wiki/Adolphe_Thiers
https://www.terresdecrivains.com/La-chute-de-la-maison-Thiers
https://books.openedition.org/pur/121101?lang=f (Adolphe Thiers (1797-1871) et l’argent)

Etat de conservation : bon

Lieu de conservation : Lescar

Type de support : Photographies collées sur carton

Dimensions de l'image Haute Définition : 3766 X 1863 pixels

Information développement : Positif

Information couleur : Sépia

Qualité de la stéréoscopie : bon

Date d'entrée dans la stéréothèque : Avril 2020

Proprietaire : M. Magendie

N° d'inventaire : MAG9480

Elaboration de la notice : Christian Bernadat (indexation collaborative)