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Datation : Premier quart du XXe siècle

Commentaire datation : Avant 1930 compte tenu de la présence du pont suspendu dans sa première version, dont les câbles sont supportés par des piles en pierres sur plusieurs photos de la série JC 069 à JC 078. ( datation min. : 1900, datation max. : 1930 )

Auteur du cliché : Inconnu

Lieu de la prise de vue : /Europe/France/Nouvelle-Aquitaine/Gironde/Arrondissement de Libourne/Saint-Denis-de-Pile

Analyse :

La série JC 069 à JC 078 paraît être un unique reportage sur les gabares de l'Isle, affluent alors navigable de la Dordogne. Mais cette série présente plusieurs particularités qui méritent interprétation :
- d'une part, St-Denis de Pile a connu trois ponts suspendus successifs ;
- d'autre part, cette série est un peu une énigme en ce qui concerne l'enchaînement des prises de vue.
Heureusement, certains repères permettent de s'appuyer sur quelques certitudes :
- les gabares sans voile ne comportent alors aucun moteur : elles descendent à la force du courant ; leur proue indique à coup sûr la direction de l'aval ;
- St-Denis-de-Pile est bâtie en rive gauche de la rivière (en s'orientant de l'amont vers l'aval).
La ville et son pont suspendu :
La bourgade girondine de Saint-Denis-de-Pile, à une dizaine de kilomètres au nord de Libourne, fut équipée, au début du XXe siècle, d'un premier pont suspendu à voie unique (identifiable à ses piles de pierres en forme d'obélisque) qui, dès la fin des années 1920, s'avéra trop étroit pour la circulation de l'époque (encore fortement hippomobile).
La construction d'un nouveau pont suspendu fut donc décidée (avec des piles métalliques, celui-là). Au moment des essais de résistance (déjà réalisés, comme encore aujourd'hui, à l'aide de camions chargés d'un poids déterminé de pierres), le 3 juin 1931, le nouveau pont s'effondre en quelques minutes avec tout son chargement, faisant 13 morts et 16 blessés.
Il sera reconstruit une troisième fois en 1938 ; cette troisième version, toujours en service aujourd'hui, fut rénovée en profondeur en 1998.
La scène du reportage :
Cinq de ces photos montrent le pont suspendu avec ses piles en pierres (JC072, JC073, JC076, JC077, JC078) : aucun doute possible, nous avons ici la première version, celle d'avant 1931, ouvrage sur lequel on trouve très peu de documentation.
Quant à l'embarcation fluviale, il s'agit d'une gabare de l'Isle (que les spécialistes de la navigation fluviale dénomment « courau de l'Isle »). A cette époque, ces bateaux descendent la rivière de l'amont vers l'aval à la seule force du courant (ils ne sont pas encore équipés d'un moteur). avec le mât rabattu (pour leur permettre de passer sous les ponts les plus bas). La voile était seulement utilisée pour la descente de la Dordogne, ou éventuellement pour la navigation en Gironde ou en Garonne. La remontée vers l'amont de l'Isle se faisait alors par halage à cheval, parfois d'ailleurs transporté à bord.
Par rapport aux gabares de Gironde, ces embarcations étaient plus étroites, et leur poupe était droite, afin de s'adapter aux contraintes de navigation sur ce cours d'eau. La dernière gabare de ce type (sans moteur) fut désarmée en 1937, victime de la concurrence de la route et du chemin de fer, mais surtout de l'abandon par l'état de l'entretien de la partie navigable de l'Isle.
Compte tenu des documentations disponibles, cette gabarre, décorée de ses deux « moustaches » blanches sur la proue, sans nom apparent, semble-même pouvoir être identifiée comme « Les cinq frères », appartenant à la famille Serventie, une des dernières lignée de gabariers de l'Isle.
Les prises de vue :
Hormis la JC074, la gabare qui apparaît sur ces photos est la même embarcation. La série de 8 photos référencée JC069, JC071 à JC074, puis JC076 à JC078 constitue un étonnant reportage.
Si l'on imagine que l'ensemble des photos a été réalisé par un seul photographe, l'hypothèse suivante paraît la seule à permettre un enchaînement logique des prises de vue :
- le photographe aurait d'abord installé son appareil en aval de la commune, en regardant vers elle, c'est-à-dire, vers l'amont (lieu A) : il prend alors la vue JC073 ;
- il aurait ensuite déplacé son pied en amont de la ville, peut-être sur une embarcation, car les photos semblent prises tantôt depuis la rive gauche, tantôt depuis la rive droite (lieu B) ; il prend alors la vue JC076 (et son double la JC077) en tournant l'objectif vers la ville (sur l'aval), puis vers l'amont, ce qui lui permet de faire les vues JC071 et JC069 ; il retourne à nouveau son appareil pour suivre le bateau et vise à nouveau vers l'aval et St-Denis-de-Pile, prenant alors la vue JC078.
Enfin, les vues JC072 et JC074, qui n'entrent pas dans ce schéma d'enchaînement, ont vraisemblablement été prises à un autre moment, et d'ailleurs, au moins pour la seconde, ne représentent pas la même gabare.
Certaines de ces photos (JC072, JC077, JC078) ont nécessairement été inversées latéralement au moment du tirage (la droite est à gauche, et vice-versa). Un complément de commentaire est apporté pour chaque photo.
La photo JC069 :
Depuis la seconde installation (B), en amont de St-Denis-de-Pile, l'objectif est tourné vers l'amont (comme sur la JC071) : la gabare s'approche et va passer au niveau du photographe. On la voit en détail, avec son mât rabattu sur l'arrière, un gabarier debout et le patron en train de piloter à la barre franche.

Bibliographie :

Roger Serventie, Isle était une rivière…, souvenirs d'une famille de gabariers, Les Editions de l'Entre-deux-Mers, 2011
Annie-Paule et Christian Félix, La navigation sur la Dordogne et ses affluents, Ed Alan Sutton, 2002
François Beaudouin, Les bateaux garonnais (II), Les Cahiers du Musée de la Batellerie, déc. 2001
www.caruso33.net/ot-saint-denis-de-pile.html
Saint-denis-de-pile.blogs.sudouest.fr/archive
Fr.structurae.de/structures/data/index

Etat de conservation : moyen

Lieu de conservation : Soulignac

Type de support : Verre

Dimensions du support : 4,4 x 10,6 cm

Information développement : Positif

Information couleur : Noir et Blanc

Type de stéréo sauvegardée : Anaglyphe (bleu / rouge)

Date d'entrée dans la stéréothèque : Mai 2011

Proprietaire : Jean Carrier

N° d'inventaire : JC069

Elaboration de la notice : Christian Bernadat, grâce aux indications précieuses de Roger Serventie. (indexation collaborative)